La Pentecôte

Introduction

Dans la Première Alliance

Dans la Nouvelle Alliance 

Le bruit

Le feu

Les promesses de Dieu

Introduction

La Pentecôte est un événement historique considérable, un véritable big-bang qui s'est produit le premier jour de la semaine donc un dimanche - au Cénacle à Jérusalem, en l'an 30 ou 33 de notre ère, 50 jours après la Résurrection du Seigneur, 10 jours après son Ascension. Nous la fêtons cette année le 30 mai  2004.

La Pentecôte dans la Première Alliance

La Pentecôte (le terme en grec signifie cinquante) a lieu 50 jours après la Pâque et se présente comme la conclusion de cette grande Fête, comme la signature par Dieu de son oeuvre de salut.

Cinquante jours après la première Pâque et le passage de la Mer Rouge, les Hébreux, conduits par Moïse, arrivent au pied du Sinaï. Ils assistent à la grande théophanie (manifestation) du Seigneur et célèbrent au pied de la montagne, avec le DIEU TOUT-PUISSAN l' l'Alliance (Exode § 19 à 24) : telle est la première Pentecôte.

Aussi, chaque année, la fête de la Pentecôte garde-t-elle le souvenir de ce grand jour où a été conclue solennellement l'Alliance de Dieu avec Son Peuple.

Avant d'être une fête chrétienne, la Pentecôte est donc une fête juive, Shavouot en hébreu, toujours commémorée chaque année fidèlement par les Juifs.

Elle était l'une des trois fêtes de pèlerinage que tout Israélite avait l'obligation de célébrer à perpétuité, en se rendant à Jérusalem en ce jour saint pour se prosterner devant le Seigneur et lui rendre grâces.

Pour les juifs de Judée, elle durait UN jour, DEUX pour ceux de la diaspora.

Moins populaire que la Pâque, elle attirait cependant de grandes foules dans la Ville Sainte. Elle a plusieurs noms dans l'Ancien Testament :

"C'est une fête joyeuse, d'action de grâces pour tous les bienfaits de Dieu, en particulier pour l'heureux événement des récoltes dans cette Terre Sainte qu'IÏ a donnée à Son Peuple. "

Ce jour-là, vous ferez une convocation qui sera une convocation sacrée et vous ne fèri-,z aucune oeuvre servile, comme pendant le sabbat.

Elle est une fête CHÔMÉE. Rappelons que "chômer" veut dire s'arrêter de travailler pour fêter quelqu'un, ici le Seigneur.

Enfin, dès le Ilème siècle, avant Jésus Christ, la Pentecôte est la FÊTE ANNIVERSAIRE, L'ANNIVERSAIRE DU DON DE LA SAINTE LOI à MOÏSE et de L'ALLIANCE ENTRE LE SEIGNEUR ET ISRAËL au SINAÏ. Ex. 19, 1, 16 et 24.

"LA PENTECÔTE EST UNE THÉOPHANIE, c'est-à-dire une puissante manifestation divine qui complète celle du Sinai après la Libération d'Israël de l'Égypte sous la conduite de Moïse. Elle eut lieu, selon la Tradition, 50 jours après la Pâque de l'Exode, LE JOUR DE LA PENTECÔTE, enseigne Jean Paul Il.

La Pentecôte dans la Nouvelle Alliance, le N.T.

La Pentecôte chrétienne - que nous célébrons solennellement chaque année - se situe dans la droite ligne de la Première Pentecôte. De même que la Passion et la Résurrection de Jésus ont eu lieu lors de la Pâque juive , l'Esprit-Saint fut répandu 50 jours plus tard sur la (toute jeune) Église en ce beau jour de la Pentecôte. Cette belle Fête juive annonçait et préfigurait notre Pentecôte, marquant ainsi la cohérence et la continuité du plan d'amour de Dieu.

Écoutons les ACTES DES APÔTRES au ch 2, 1-10 (Lecture du Dimanche de la Pentecôte) nous relater cet événement capital pour notre Foi et d'une portée universelle, afin d'en comprendre toute l'importance spirituelle

v.1... Le jour de la Pentecôte étant arrivé, ils se trouvaient tous ensemble dans un même lieu, réunis au Cénacle pour la prière, dans une communion profonde, et un même amour du Seigneur.

L'unanimité de cette PREMIÈRE ASSEMBLÉE CHRÉTIENNE renvoie à l'unanimité de l'ASSEMBLÉE d'ISRAËL campant au pied du Sinaï (Ex 19 et 20). Ces assemblées sont fidèles à la prescription de la Sainte Loi divine ,de célébrer cette fête à perpétuité et réalisent ce qu'annonçaient les prophètes : l'unité des juifs et des prosélytes, ces convertis qui viendraient de toutes les nations.

v.2... Quand tout à coup, vient du ciel un bruit tel que celui d'un violent coup de vent

C'est le renouvellement de la théophanie du Sinai dont la Pentecôte juive est la commémoration.

Le Mont Sinaï était tout enfumé, car sur lui était descendu le Seigneur entouré de feu., Et cette fumée montait comme la fumée d'une fournaise.- la montagne tremblait violemment (Ex 19, 18).

La nature tremble devant la manifestation de la majesté de Dieu, de la transcendance absolue de "Celui qui EST", de la puissance de Son Amour pour les hommes (Ex 3, 14).

Déjà, au pied du Mont Horeb, Moïse avait entendu sortir du buisson qui brûlait sans se consumer, ces parole .- "Ne t'approche pas. Ôte tes sandales de tes pieds, car le lieu sur lequel tu te tiens, est une terre sainte " (Ex 3, 7).

"La Pentecôte est l'apothéose des manifestations par lesquelles Dieu s'est progressivement .fait connaître à l'homme. Par elle, Il atteint le sommet de cette révélation, par laquelle Il a voulu répandre dans Son Peuple la foi en Sa Majesté, en Sa Transcendance, en Son Amour et en Sa Présence immanente d'Emmanuel, de Dieu parmi nous " (Jean-Paul II)

Le Bruit

v.2 Ce bruit remplit toute la maison où ils se trouvaient..

On découvre là trois éléments riches de symboles :- le bourdonnement (=le bruit) du vent, les langues de feu et le charisme des langues. Le vent, le souffle, en hébreu ruha, en grec pneuma, c'est l'Esprit.

Dans la Genèse, nous lisons (1, 2) :

L'Esprit (ruha) de Dieu planait sur les eaux, et dans l'Évangile de Saint Jean : Le vent (pneuma) souffle où il veut (3, 8).

Dans la Bible, le vent fort annonce toujours la présence de Dieu. Il est signe de théophanie.

"Un bruit, un bourdonnement, comme celui d'un violent coup de vent qui s'abat avec force", constitue le premier élément de la théophanie de la Pentecôte, de la manifestation de la puissance divine opérée par l'Esprit Saint (Jean-Paul II)

V.3... Et ils virent apparaître comme des langues de feu.

Le Feu est toujours présent dans les théophanies de l'Ancien Testament : à l'occasion de l'Alliance conclue entre Dieu et Abraham (Gn 15, 17), dans le Buisson Ardent qui brûle sans se consumer (Ex 3,2) , dans la colonne de feu qui conduit les Hébreux au désert (Ex 13,21-22), sur le Mont Horeb ((Ex 19,18 )

Le Feu symbolise la présence de Dieu, car Dieu est un FEU DÉVORANT (Dt 4, 24 et 9, 3 - He 12, 29, et la puissance de son Amour. Ainsi lorsqu'Il apparaît à Paray-le-Monial : "Son divin Coeur était si bru lant d'amour qu'il était comme une fournaise", dit Sainte Marguerite-Marie.

Des langues de feu

v. 3 Elles se partageaient... et il s'en posa une sur chacun d'eux...

Si le feu symbolise la présence divine, les langues de feu qui se divisent au-dessus des têtes des apôtres indiquent la descente sur eux de Dieu-Esprit-Saint, le don fait à chacun d'eux pour le rendre apte à annoncer, avec une langue de feu, l'Évangile à tous les hommes, en signe de la mission universelle à laquelle ils sont appelés.

L'expression française dire avec feu prend ici tout son sens, au feu de l'amour de Dieu pour les hommes correspond le feu de l'amour des hommes pour le Seigneur.

Après le phénomène sonore le bruit, qui remplit toute la maison, ce phénomène visuel se manifesta donc aux apôtres.... les langues furent vues par eux. Pierre et les apôtres furent les témoins véritables de cette manifestation d'une réalité surnaturelle : "Nous en sommes tous témoins ".

Ce symbolisme de la multiplication des langues, souligne Jean-Paul 11, est riche de sens. Selon la Bible, la diversité des langues est le signe de la multiplicité des peuples et des nations, et plus encore de leur dispersion à la suite de la construction de la Tour de Babel (Gn 11, 5-9) , lorsque l'unique langue commune - comprise de tous - se désagrégea en de multiples langues, incompréhensibles pour les étrangers.

Désormais au symbole de la Tour de Babel, la Pentecôte substitue la langue de Dieu (l'Évangile) qui peut être comprise par tous. Les langues ne sont plus maintenant symboles de division. Elles contribuent au contraire à l'oeuvre nouvelle de 'Esprit-Saint qui, par la médiation des apôtres et de l'Ég!ise conduit vers l'unité spirituelle tous les peuples, quelles que soient leurs origines, leurs langues et leurs cultures, unité annoncée et priée par Jésus : "Qu' ils soient UN". Jn 17, 11 - 21-22.

L'Esprit-Saint inscrit ainsi dans les coeurs une loi ineffaçable d'amour.

C'est dans l'Esprit-Saint que vous serez baptisés sous peu de jours " avait annoncé Jésus à ses apôtres (Ac 1, 5).

'L'effusion de l'Esprit au matin de la Pentecôte est bien le Baptême promis par Jésus, Etymologiquement, Baptême veut dire plongée. Les apôtres ont bien été plongés à la Pentecôte dans l'Esprit-Saint .- "Ils furent alors remplis de l'Esprit-Saint", comme Jésus après son Baptême, (Lc 4, 1), comme Elisabeth et Zacharie (Lc 1, 41-67), comme Pierre (Ac 4, 8), Paul (Ac 9, 17 et 13), Etienne (6,5 et 7,55), Corneille (10), les disciples d'Antioche de Pisidie ( 13, 53).

L'Esprit de Dieu est à l'oeuvre au commencement de l'histoire de l'Église, comme il le fut au commencement de la Mission de Jésus (Mt 3, 16).

La Pentecôte accomplit les promesses de Dieu : L'Esprit-Saint est donné à tous.

C'est là "L'Alliance nouvelle et éternelle" que le Peuple de Dieu célèbre en ce jour comme conclusion et apothéose de la Pâque. Venu du ciel, l'Esprit-Saint sera désormais toujours présent dans l'Eglise. Le don de la Pentecôte est irrévocable. La présence constante de l'Esprit dans l'Église est un des supports fondamentaux de la Foi chrétienne.

L'Église tout entière - comme chaque chrétien lors de son baptême - est marquée du sceau indélébile de l'Esprit-Saint.

v. 4... Alors ils parlèrent en d'autres langues...

Le don des langues que reçoivent les apôtres et les disciples, réunis avec Marie au Cénacle le jour de la Pentecôte, pour leur permettre d'annoncer la Bonne Nouvelle de l'Évangile à tous les hommes, à toutes les nations, à toutes les races, dans toutes les cultures, à toutes les époques, jusqu'à la fin des temps, est signe de la vocation de l'Église à l'universalité. Elle commence effectivement le Jour de la Pentecôte La Mission des Douze à laquelle Jésus les avait longuement préparés, en leur disant notamment :

"Vous allez recevoir une force, l'Esprit-Saint. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute, la Judée, la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre". (Ac 1, 8)

Cette force les transforme, en fait des hommes nouveaux, renouvelés.

Sortant aussitôt du Cénacle, Pierre, debout avec les Onze (c'est-à-dire les douze apôtres, symboles de la plénitude de l'Église), parle en tant que chef du groupe apostolique et s'avance en tête.

Il s'adresse aux Juifs venus de toute la diaspora à Jérusalem pour la Pentecôte, et prononce le premier Credo de l'Église (2, 14-41).

La Pentecôte, c'est l'Alliance nouvelle et éternelle donnée aux hommes, à tous les hommes, Juifs et païens, réunis mystérieusement par l'Esprit dans le coeur de Dieu, en un seul peuple, Son Peuple.

Commence alors le temps de l'Eglise, que la liturgie appelle "temps ordinaire". Inlassablement l'Esprit-Saint rassemble, éclaire et guide l'Eglise dans la foi et la fidélité à son Seigneur en attendant Son retour dans la Gloire. Il la sanctifie sans cesse et l'envoie en mission toujours plus loin, obéissant ainsi au voeu du Christ :

"Allez, de toutes les nations, faites des disciples, les baptisant au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Voici que je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des siècles ! " (Mt 28, 18-20).

Pour accomplir cette mission, l'Esprit-Saint va multiplier Ses dons : don des langues, don de l'unité de l'Eglise, mais aussi dons de fécondité et d'universalité.

Deux exemples illustrent merveilleusement leur efficacité

Plus encore peut-être, le fameux épisode de la conversion des païens réunis autour de Pierre chez le centurion Corneille, lorsque s'accomplit "la petite Pentecôte ou Pentecôte des païens" que Pierre commente :