CANTIQUE DES CANTIQUES

Le CANTIQUE DES CANTIQUES ou Cantique par excellence ou le plus beau chant se présente comme une suite de chants d'amour entre un fiancé et une fiancée, une suite de discours ardents sur leur amour mutuel. Remarquons également l'importance donnée à la faune, à la flore et aux paysages d'Israël dans ce poème.

Voici une vue d'ensemble :

Ch 1,1 - 2,7 la communion spirituelle existant entre l'épouse et l'époux

Ch 2,8 - 3,5 l'époux souffre de l'absence de son épouse et la recherche

Ch 3,6 - 8,14 les discours ardents de l'époux et de l'épouse sur leur amour mutuel et leurs éloges réciproques

Comme tous les autres livres sapientiels, il est attribué au roi Salomon qui joue sans doute un rôle plus important qu'on ne l'affirme habituellement : de nombreuses allusions en font mention (1,4 ; 3,7-11). Une autre théorie met l'accent sur les traits égyptiens : les chars de Pharaon (1,9), le teint basané de la jeune femme (1,5-6), le nom de "lotus" (2,1) et évoque l'épisode du mariage de Salomon et de la fille du Pharaon (1R 3,1 ; 7,8 ; 9,16 et 24) qui serait à la base du livre et justifierait l'origine "salomonienne" de l'œuvre

De nombreuses interprétations ont été proposées dès l'antiquité qui font du Cantique des Cantiques le livre le plus controversé de l'Ancien Testament.

Certains mettent en avant cet aspect profane et réaliste, considérant le CANTIQUE DES CANTIQUES comme un ancien rituel mythologique de mariage divin emprunté aux Cananéens ce qui est absolument contraire au refus des religions de fécondité en Israël proclamé par les prophètes (Jr 7,18 ; Ez 8,14-15) ou comme un simple recueil de chants d'amour utilisé pour la célébration des mariages, en somme une simple évocation de la condition humaine, de la beauté physique et d'un amour honnête.

D'autres privilégient l'allégorie historique (les infidélités entre Dieu et son peuple) ou mystique :

Le danger de ces diverses interprétations est d'oublier le double caractère de l'amour, à la fois sexuel et sacré, pour privilégier un point de vue unilatéral.

C'est un livre déconcertant où Dieu n'est pratiquement pas nommé (uniquement sous une forme abrégée en 8,6), d'un vocabulaire très réaliste et d'un ton pratiquement profane.

Pour ces raisons, son admission dans le canon juif des Écritures ne se fit pas sans difficultés. Le Talmud (traités Edouyot 3,5 et Yodayim 5,3) rapporte les nombreux débats qui ont précédé la décision finale prise à l'époque de rabbi Aquiva (ou Aquiba), né vers 45 et mort en 135 après Jésus-Christ de l'inclure dans le canon juif en privilégiant l'interprétation allégorique. Celle-ci sera développée ultérieurement par le Midrash Cantique des Cantiques Rabba qui affirme la thèse suivante : "partout où est mentionné le roi Salomon, le référent véritable est le Roi, Seigneur de paix ; partout où seul le terme 'roi' apparaît, sans autre détermination, c'est de la communauté d'Israël qu'il s'agit". Ce même midrash (1,1-10) affirme également que le caractère optimiste du livre, opposé au caractère pessimiste de l 'Ecclésiaste s'explique par le fait que Salomon aurait écrit le premier dans sa jeunesse et le second dans sa vieillesse.

La datation, elle aussi, pose problème : on a proposé l'époque perse (Ve siècle avant Jésus-Christ) ou même l'époque hellénistique (IIIe> siècle avant Jésus-Christ) mais un grand nombre d'archaïsmes peuvent remonter à une époque plus ancienne.

Retenons également que selon le Talmud (traité Babba Batra 15a), le roi Ézéchias aurait transcrit l'Ecclésiaste ainsi que le Cantique des Cantiques.

Cette œuvre constitue l'un des cinq rouleaux (megillot) lus à la synagogue certains jours particuliers, dans ce cas durant le sabbat qui tombe dans la semaine de Pesah (Pâques).

L'iconographie chrétienne a parfois représenté le fiancé et la fiancée comme images de Dieu et de son peuple.

Remarquons aussi que des passages du Cantique des Cantiques sont souvent lus lors de la célébration du sacrement de mariage dans l'église catholique.

Auteur  :  Fernand LEMOINE  

Dernière mise à jour : 20 nov. 2005

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