Premier livre de la Bible et du Pentateuque, la GENESE, comme son nom dans la traduction de la Septante l'indique car genesis en grec signifie "commencement", raconte les origines de notre monde, de la race humaine, des nations, des langues mais aussi du péché et de l'action de Dieu parmi les hommes.
En hébreu, il porte le nom de "Berechit" ("Au commencement") qui en est également le mot initial. La tradition juive le désigne aussi comme le "Livre de la Création" et le cycle annuel de lecture de la Torah, d'origine babylonienne, le découpe en douze sections intitulées sedarot.
On peut diviser le texte en deux parties inégales, la première, par sa célébrité mais non par sa longueur, éclipsant trop souvent la seconde :
Chapitres 1 - 11 : l'histoire primitive (chapitres 1-2) qui, remontant aux origines, s'étend à toute l'humanité et relate ainsi la chute originelle et l'expulsion du jardin d'Eden ainsi que la rivalité entre Caïn et Abel (chapitre 3), le déluge (chapitres 6-8), le repeuplement de la terre et la confusion des langues lors de la construction de la tour de Babel qui symbolise l'orgueil humain (chapitre 11).
Chapitres 12-50 : l'histoire des patriarches centrée sur quelques personnages uniquement élus par Dieu à chaque génération :
Chapitres 12-25 : Abraham, le père des croyants dont se réclament à la fois les juifs, les chrétiens et les musulmans, l'homme de la foi et de l'obéissance à qui Dieu promet une postérité pour lui-même et une terre pour ses descendants. Son nom, donné par Dieu, signifie "père d'une multitude".
Chapitres 26-36 : Isaac, son fils et Jacob, son petit-fils, l'homme de la ruse qui supplante son frère, Ésaü et qui lutte avec Dieu jusqu'à ce que celui-ci lui renouvelle sa promesse. La grâce triomphe ainsi en lui d'une nature difficile.
Chapitres 37-50 : les douze fils de Jacob, ancêtres des douze tribus d'Israël : Ruben ("Vois, un fils !"), Siméon ("celui qui écoute"), Lévi ("supplément"), Juda ("remerciement"), Dan ("jugement"), Nephtali ("combattant"), Gad ("chance"), Asher ("enfant du bonheur"), Issekar ("salaire"), Zabulon ("gîte"), Joseph ("celui qui accroît") et Benjamin ("fils du succès") en 35,23 et 49,1-28.
Parmi eux, le préféré, Joseph, l'homme de la sagesse fut vendu par ses frères et devint gouverneur de l'Égypte. Par la suite il sauva ses frères de la famine en vendant le grain des entrepôts.
Car le livre de la Genèse, basé essentiellement sur des récits (seule apparaît la loi de circoncision au chapitre 17) forme un tout, marqué par l'histoire du salut et par les diverses alliances conclues par Dieu après le péché des origines, la cruauté de Caïn et l'orgueil de Babel : d'abord avec Noé, le premier sauvé et avec l'humanité tout entière, ensuite de manière continue avec Abraham et ses descendants, Isaac et Jacob, sur qui se transmet la bénédiction divine.
L'enseignement religieux est clairement indiqué : Dieu, YHWH, a désigné, par pur choix gratuit, un peuple, Israël, pour en faire son peuple et pour lui donner une terre. Celle-ci appartiendra aux descendants des patriarches qui sont tenus "d'être justes et droits". Pour cela Dieu a appelé Abraham, le chef païen d'un clan de nomades à l'écart des puissances de l'époque d'où le caractère souvent personnel et anecdotique, d'origine orale et souvent invérifiable des traditions rapportées par la Genèse.
Mais la compréhension de ce livre a été rendue plus difficile par l'interprétation mythique des onze premiers chapitres qui ne constituent cependant pas un mythe au sens strict du terme et par la théorie documentaire qui, en se basant sur les anachronismes, les répétitions et les divers noms de Dieu, prétend retrouver les différentes couches rédactionnelles du texte appelées yahviste, élohiste, deutéronomiste et sacerdotale en opposition avec la tradition juive qui affirme que le Pentateuque a été écrit par Moïse sous l'inspiration divine. Une discussion sur ce sujet fera l'objet d'une discussion séparée.
Les récits de la création du monde et du déluge ont souvent été comparés à des récits similaires provenant du moyen orient et en particulier de la mythologie babylonienne. Mais il faut se garder d'une conception panbabylonienne héritée des chercheurs du XIX ème siècle : le récit mettant en scène Noé ne dérive pas plus des aventures du héros Gilgamesh que le récit grec correspondant, celui de Deucalion. Tout au plus, ont-ils sans doute une origine commune, remontant loin dans le passé de l'humanité.
De plus, un point de vue moral, inconnu par ailleurs imprègne tout le texte biblique. L'idée d'un Dieu unique, sans naissance et ne provenant de rien de connu, dont émane la loi morale et qui gouverne le cours de l'histoire, témoigne de la profonde originalité des conceptions juives.
Retenons simplement, en plus des patriarches, quelques personnalités, individuelles et en couple, hommes et femmes :
La relecture chrétienne comparera l'attitude d'Adam, en révolte contre Dieu, avec celle du Christ, nouvel Adam, se soumettant à la volonté divine (Rm 5,12-21 et 1Co 15,46 : "Le premier homme Adam fut un être animal doué de vie, le dernier Adam est un être spirituel donnant la vie") et verra dans le sacrifice d'Isaac une préfiguration de celui de Jésus-Christ, lors du vendredi saint.
L'iconographie chrétienne a souvent représenté de nombreux épisodes de la Genèse : la création (1,1-2,3), les origines de l'homme et le péché originel (3,1-24) ; le déluge, Noé et l'arc-en-ciel, signe de l'alliance entre Dieu et l'humanité (6,5 - 8,22) ; l'immoralité et la punition de Sodome (19,1-29) ; le sacrifice d'Isaac (22,1-19) ; Esaü vendant à Jacob son droit d'aînesse pour un plat de lentilles et subtilisant la bénédiction d'Isaac (25,29-34 et 27,1-45) ; Jacob luttant avec l'ange de Dieu (32,22-33) ; Jacob toujours, bénissant ses fils, ancêtres des douze tribus d'Israël (49,1-28).
Auteur : Fernand LEMOINE
Dernière mise à jour : 18 juin 2006
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