Généralement considéré comme le plus grand prophète de l'Ancien Testament, ISAÏE (ou Ésaïe) dont le nom signifie "Dieu sauve" vécut à Jérusalem dans la seconde moitié du huitième siècle avant Jésus-Christ, sous les règnes des rois Ozias, Joatham, Achaz et Ézechias soit pendant quarante ans environ. Il nous livre des détails biographiques sur son appel (6,1-8) et sur sa famille (7,3 et 8,3-4).
La tradition juive, dans le livre apocryphe intitulé l'Ascension d'Isaïe, le fait mourir martyr, tué avec une scie sous le règne de Manassé.
Un rouleau, de sigle 1QIsa, découvert à Qumrân et datant probablement du IIe siècle avant Jésus-Christ, nous a permis de découvrir un texte complet d'Isaïe semblable par sa composition au texte massorétique actuel, les différences étant principalement orthographiques ou de détail.
Le livre d'Isaïe forme une œuvre unique, présentée comme un tout et à considérer comme telle. Toutefois, habituellement, on distingue trois parties, parfois appelées Proto-Isaïe, Deutéro-Isaïe et Trito-Isaïe, sans doute à tort car il ne s'agit pas simplement de trois auteurs distincts.
""Si vous ne croyez pas, vous ne subsisterez pas " (chapitre 39) résume bien son attitude : Isaïe est par excellence le prophète de la foi. Dans ce but se succèdent les exhortations, les avertissements contre les nations étrangères : Assyrie, Babylone, Moab, Égypte, Philistie, Syrie, Edom et Moab (chapitre 13-23), les malédictions sur Jérusalem qui s'est rendue coupable d'alliances étrangères et les promesses de salut concernant Israël, en particulier un roi juste et l'effusion de l'Esprit.
Les chapitres 24 à 27, appelés également "l'Apocalypse d'Isaïe" décrivent la dévastation du monde ainsi qu'un jugement universel et annonce la résurrection. Mais le prophète va au-delà : il annonce la naissance du fils d'une vierge (7,14), l'Emmanuel ("Dieu avec nous") qui séparera les élus des réprouvés, un royaume spirituel sans fin (Chapitre 9) et la paix paradisiaque (chapitre 11).
Dans quatre poèmes (42,1-7 ; 49,1-9 ; 50, 4-10 et surtout 52,13-53,12) se détache une figure mystérieuse, celle du serviteur du Seigneur, souffrant pour le salut d'une multitude d'hommes. Elle a été interprétée de diverses manières, comme une personnification du peuple d'Israël ou comme un personnage réel, le prophète lui-même, une figure de l'avenir ou, dans la tradition chrétienne, une annonce du Christ (Mt 12,17-21 ; Mc 10,45 ; Jn 1,29).
Son livre est le plus cité par le Nouveau Testament, avec celui des PSAUMES, et renferme quelques passages de toute beauté, de style poétique et écrit dans une langue remarquable, à la fois majestueuse et harmonieuse, comme la transformation du désert en jardin (Chapitre 32 à 35).
Remarquons les chants du serviteur souffrant (chapitre 53) qui préfigurent la Passion du Christ de manière étonnante, la description de la Jérusalem céleste (60,1 - 63,6) qui inspirera saint Jean dans l'Apocalypse et la prière du chapitre 64, où Dieu est invoqué comme "Notre Père".
L'iconographie chrétienne a souvent représenté Israël, la vigne du Seigneur (chapitre 5), la manifestation de la gloire divine dans le Temple, les séraphins apparaissant au-dessus de l'arche et chantant le Sanctus (chapitre 6), le charbon ardent (chapitre 6) ainsi que le Messie, rejeton de Jessé, sur qui repose l'Esprit aux sept dons (chapitre 11).
Le livre d'Isaïe a toujours fortement influencé le peuple juif. C'est ainsi que 15 des 54 lectures annuelles des livres prophétiques du sabbat (en hébreu "haftarot") en sont extraites, en particulier pendant la semaine de jeûne qui suit la fête de Tichah be-Av, jour commémorant la destruction du Premier Temple par les Babyloniens et celle du Second Temple par les Romains.
Auteur : Fernand LEMOINE
Dernière mise à jour : 23 oct. 2005
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