Le livre de JOB constitue le chef d'œuvre de la littérature sapientielle en Israël. Il met en scène un héros de l'ancien temps, censé vivre à l'époque patriarcale, réputé pour sa sagesse et connu d'Ézéchiel (Ez 14,14), qui développe ses réflexions sur le thème suivant : quelle est la relation entre la sagesse et le bonheur, comment expliquer la souffrance du juste ?
Un prologue en prose nous présente un homme riche, pieux et heureux, JOB, que Dieu permit à Satan d'éprouver, dans ses biens, dans sa chair et dans sa famille (1,12-2,7).
Puis vient une conversation poétique entre JOB et ses trois amis, Eliphaz, Bildad et Cophar en trois vagues successives de discours : chapitres 3 - 14, chapitres 15 - 21 et chapitres 22 - 27. Chaque ami, à son tour, développe la thèse traditionnelle et accuse JOB : sa souffrance est la conséquence de son péché. À chaque fois, JOB présente sa défense car il se sent innocent. Comme l'accusation devient de plus en plus vive - il suffit de comparer les chapitres 4 et 22 - et malgré son désarroi moral et ses cris de révolte (ch 31), il en appelle à Dieu. Car il ressent sa condition comme un scandale, comme une profonde injustice qu'aucun raisonnement ne peut réparer.
Aux chapitres 32 - 37 intervient un nouveau personnage, du nom d'Élihou, qui, dans quatre discours en vers donne tort à la fois aux trois amis et à JOB. Par des paroles d'éclaircissement et de reproches, il essaie de justifier la conduite de Dieu qui punirait "par anticipation" pour éviter l'orgueil.
Ensuite, aux chapitres 38 - 42, le Seigneur répond directement en révélant sa Puissance et sa Sagesse : l'homme n'a pas à juger Dieu qui dépasse toutes les expériences humaines et tous les raisonnements humains mais c'est JOB qui a raison : l'homme doit persister dans la foi, même dans la révolte contre l'injustice.
Dans un épilogue en prose, Dieu ordonne aux trois amis d'offrir des sacrifices (42,7-9) et finalement tous ses biens sont rendus à Job (42,10-17).
Devant le scandale permanent du juste souffrant, le livre de JOB refuse ainsi les théories courantes de la responsabilité collective ou individuelle ainsi que les récompenses terrestres pour laisser entrevoir le mystère de Dieu et pour préparer la révélation du Christ, uni aux hommes dans la souffrance. Saint Paul répondra à Job en Rm 8,18 et Col 1,24 : l'homme s'autojustifie en modelant Dieu selon ses pensées. Comme l'affirme le prologue, il faut simplement constater que le mal provient de Satan non de Dieu mais ni Job ni ses amis ne le savent.
La date de ce livre est l'objet de nombreuses discussions : il a sans doute été rédigé après l'exil, vers le V eme siècle avant Jésus-Christ. Il en va de même pour la composition générale de l'œuvre. Différents exégètes, pour des questions de différence de vocabulaire, de style ou d'idée ont voulu retrancher certains passages : le discours sur la sagesse (chapitre 28), les discours d'Elihou (chapitres 32-37), les discours de Dieu (chapitres 38-41), les passages sur les forces du mal, Behemot (40,15-24) et Leviathan (40,29-32), l'épilogue (chapitre 42). Mais tous contribuent à l'unité doctrinale d'une œuvre dans laquelle s'affrontent des conceptions théologiques opposées.
De plus, le mauvais état de préservation du texte et les particularités de la langue - certains savants ont même évoqué une origine édomite donc étrangère au monde juif - rendent fort ardue la compréhension du livre de Job. Mais toutes ces difficultés ne doivent pas empêcher la lecture de ce poème sur la sainteté de Dieu et sur le mystère de la souffrance.
La littérature rabbinique diverge sur l'existence ou la non-existence du personnage de JOB, sur l'époque de sa vie (contemporain d'Abraham, de Moïse, de l'exil à Babylone ou du roi des Perses), sur sa nationalité (juif ou non), sur le fait de savoir s'il était réellement un juste et sur l'interprétation de sa souffrance. Celle-ci est le plus souvent considérée comme une mise à l'épreuve sans relation avec une action ou une absence d'action de la part de JOB.
Retenons également le chapitre 28 décrivant la Sagesse inaccessible à l'homme et connue de Dieu seul ainsi que l'affirmation de la résurrection de la chair en 19,25-27.
L'expression "c'est dans ma chair que je contemplerai Dieu" a souvent été comprise par les premiers auteurs chrétiens comme une annonce du Rédempteur.
L'iconographie chrétienne a représenté Job sur son fumier, malade et dépouillé de tout, puis restauré dans ses biens et au-delà.
Auteur : Fernand LEMOINE
Dernière mise à jour : 21 déc. 2005
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