JONAS, cinquième des petits prophètes selon l'ordre hébreu traditionnel et sixième selon l'ordre grec. Il comporte 4 chapitres et 48 versets.
Ce livre paradoxal diffère des autres textes prophétiques. Il s'agit d'un récit didactique, pratiquement sans prophétie et à la troisième personne, mettant en scène un prophète, en hébreu "Yonah", qui hésite à aller à contre-courant des autres et de lui-même. Il désobéit à la mission de Dieu qui le charge d'aller convertir Ninive, la capitale de l'Assyrie et se plaint ensuite de son succès inattendu.
Après une tempête déclenchée par Dieu et dont il est tenu responsable par le sort, Jonas est avalé par un gros poisson pendant trois jours. Remarquons qu'il n'est jamais fait mention d'une baleine dans la Bible ! Ensuite, il se rendra à Ninive pour annoncer la destruction de la ville qui n'aura pas lieu finalement, suite à la conversion de ses habitants.
La personnalité de JONAS, qui ne prononce aucun enseignement moral, est fort complexe : à la fois pieux (1,9) et courageux (1,12), obéissant après le châtiment (3,3-4) mais aussi obstiné (1,1-3), fanatique au niveau patriotique et religieux (4,1), égoïste et trop préoccupé de sa propre réputation (4,2-3). Il apparaît ainsi moins sympathique que le roi ou que les habitants de Ninive, constituant ainsi un cas unique chez les prophètes.
Mais ne pensons pas trop vite qu'il s'agit d'une caricature, d'ironie ou de second degré : ni la tradition juive (Josèphe, Antiquités judaïques, IX, 10) ni les évangélistes (Mt 12,39-41 et 16,4 ; Lc 11,29-30) ne se sont moqués de Jonas malgré ses défauts, Jésus lui-même se référant au signe de Jonas pour manifester sa future résurrection.
La grandeur de la miséricorde divine, qui s'adresse à tous, peuples païens et prophète juif récalcitrant est particulièrement mise en évidence.
Retenons la magnifique leçon d'universalisme (4,5-11) donnée par la parabole du ricin : Dieu aime plus Ninive que Jonas n'aime le ricin qui lui donnait de l'ombre.
Comme datation, on peut proposer une période après l'exil, sans plus de précision.
L'iconographie chrétienne a souvent représenté Jonas englouti par le poisson et délivré trois jours plus tard.
Le livre entier de Jonas est lu à la synagogue, l'après-midi du jour de Yom Kippour.
Auteur : Fernand LEMOINE
Dernière mise à jour : 01 oct. 2005
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