Le livre du Lévitique

Troisième livre du Pentateuque, le LEVITIQUE tire son nom de la tribu de Lévi, celle des prêtres. Le titre hébreu consiste simplement dans les premiers mots : "Il appela". Mais dans la littérature rabbinique, il est souvent désigné sous le titre de "Manuel des prêtres", par référence à son contenu. C'est cette expression qui est à l'origine, dans la Septante, du titre grec "Levitikos", le livre des descendants de Lévi.

Le cycle annuel et actuel de la lecture de la Torah, d'origine babylonienne, le divise en dix sections (sedarot) alors que dans le cycle triennal palestinien de l'époque du Christ, il était divisé en 25 sections.

De caractère presque uniquement législatif, ce livre contient les descriptions suivantes :

Chapitre 1-7 : les sacrifices et les offrandes, en particulier les holocaustes (la loi des sacrifices)

Chapitre 8-10 : les cérémonies d'investiture sacerdotale avec l'appel, la purification, les vêtements (la loi des prêtres). Au chapitre 8, Moïse consacre Aaron et ses fils qui offrent alors les premiers sacrifices à YHWH.

Chapitre 11-26 : les lois particulières qui gouvernent Israël concernant la nourriture et les impuretés sexuelles de l'homme et de la femme (la loi du pur et de l'impur). Le chapitre 16 contient le grandiose rituel du grand jour des expiations (Yom Kippour) où le grand prêtre entrait dans le Saint des Saints et les chapitres 17-26 sont parfois appelés la loi de sainteté, car ils constituent le cœur du livre par leur insistance sur la pureté rituelle.

Chapitre 23 : le calendrier liturgique avec les cinq fêtes annuelles :

de la Pâque en souvenir de l'exode (23,5)

de la Pentecôte ou des semaines en souvenir de la promulgation de la Loi au Sinaï (23,15)

des trompettes, le premier jour du mois correspondant à octobre (23,24)

des expiations (23,27-32)

des tentes ou du tabernacle, en souvenir de la vie passée au désert (23,39-43)

Chapitre 25-27 : les instructions générales concernant l'année sabbatique - tous les sept ans, la terre devait se reposer - , l'année du jubilé - tous les cinquante ans devaient avoir lieu la libération des esclaves et la remise des dettes - ainsi que des bénédictions et des malédictions.

Le mot saint, qui apparaît plus de quatre-vingt fois dans le Lévitique en constitue le thème principal. Puisque Dieu est saint, le peuple qui lui est consacré doit éviter tout obstacle physique ou moral à la communion avec Dieu : consommation de sang, principe de vie ; refus de relations sexuelles anormales ; respect de Dieu et de l'homme, en tant que créature créée par Dieu.

Aux prescriptions rituelles se mêlent les préoccupations morales : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même (19,18 et 34), "celui qui frappe un homme mortellement sera mis à mort" (24,17), "œil pour œil, dent pour dent" (24,20), "le même droit régnera pour vous, pour l'étranger comme pour l'indigène" (24,22).

Tout comme les autres livres du Pentateuque, la tradition juive affirme que Dieu dicta le Lévitique à Moïse. Mais la critique moderne le considère généralement comme le dernier livre du Pentateuque, datant d'une époque post-exilique bien postérieure, provenant d'une source unique d'origine sacerdotale intitulée P, de l'allemand Priester ("prêtre"). Dans cette théorie la loi de sainteté constitue la partie la plus ancienne, contemporaine du Deutéronome (daté de l'époque de Josias) puis viennent par la suite la loi des prêtres et finalement après l'exil la loi des sacrifices et la loi du pur et de l'impur. Mais ceci n'interdit pas la présence d'éléments très anciens car les institutions du désert, même idéalisées, correspondent bien à nos connaissances législatives de l'époque de Moïse.

Le Lévitique est sans doute à l'heure actuelle le livre biblique le moins lu par les chrétiens qui le considèrent, à tort, comme un recueil d'obligations tatillonnes et dépassées, déjà critiquées par les prophètes. Cependant, il peut être mis en relation avec EZECHIEL qui, au niveau du contenu, est souvent fort proche de la loi de sainteté.

Retenons pourtant un message essentiel, toujours valable aujourd'hui : le culte doit exprimer la communion avec Dieu.

S'il est peu cité par le Nouveau Testament en raison de son caractère technique, sa lecture reste pourtant indispensable. Sinon, comment comprendre le monde juif de l'époque de Jésus, centré sur la liturgie du Temple ainsi que l'épître aux Hébreux et la signification de la mort du Christ, à la fois prêtre, autel et victime.

Texte L.Segond (1910)

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Auteur  :  Fernand LEMOINE  

Dernière mise à jour : 03 sept. 2006

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