Livre de la Sagesse

Le livre, appelé Livre de la Sagesse dans la Vulgate qui a repris le texte de la Vetus Latina sans modification et SAGESSE de Salomon dans les manuscrits grecs, a été écrit directement en grec au début de l'époque romaine vers 50 ou 30 avant Jésus-Christ : c'est donc chronologiquement le dernier écrit de l'Ancien Testament. Ne faisant pas partie du canon hébreu et protestant, le livre deutérocanonique de la SAGESSE est inclus dans le canon catholique malgré des hésitations à l'origine.

Attribué comme le CANTIQUE DES CANTIQUES ou le QOHELET à Salomon, qui ici est mis en scène anonymement comme un roi arrivé au sommet de sa gloire, ce livre se présente comme une œuvre personnelle et originale.

Une connaissance approfondie des textes bibliques, parfois non cités, et de la littérature grecque donne à ce texte, écrit dans une langue riche et souple et utilisant des figures de rhétorique, un aspect formel assez élaboré. Tous ces traits sont caractéristiques du judaïsme alexandrin et cette œuvre peut être rapprochée dans son esprit de celle du philosophe Philon d'Alexandrie (né vers 20 avant Jésus-Christ et mort en 54 après Jésus-Christ) même si aucune des deux ne cite l'autre.

Toutefois l'auteur reste un juif fier d'appartenir "au peuple saint" (10,15) et fidèle "au dieu des Pères" (9,1). S'adressant à des juifs connaissant mieux le grec que l'hébreu ou à des milieux imprégnés de philosophie grecque, il veut convaincre ses auditeurs de la supériorité de la foi d'Israël.

Si différents thèmes sont développés par touches successives, on peut toutefois distinguer trois parties traitant quelques notions importantes :

chapitres 1 - 5 la destinée humaine selon Dieu.

Dieu a créé l'homme immortel et la mort est le résultat du mal. Le terme grec d'immortalité est utilisé pour montrer que le juste aura sa récompense après la mort, dans une existence glorieuse auprès de Dieu.

chapitres 6,1 - 11,3 éloge de la Sagesse, dans la bouche du roi Salomon qui n'est pas nommé.

La Sagesse personnifiée représente la présence bienfaisante du Dieu de la révélation biblique, en termes savants la présence immanente du Dieu transcendant. Par son activité créatrice, elle gouverne le monde et dévoile la volonté de YHWH car elle connaît le plan divin depuis l'origine.

chapitres 11,4 - 19, 22 Une longue méditation sur l'événement fondateur de l'Exode clôt le livre. Par sept fois, les plaies que Dieu infligea aux Égyptiens sont comparées aux bienfaits qu'il a accordé à Israël ; de plus, la manne est représentée comme un aliment d'immortalité (19,21).

Retenons que certaines doctrines et formules du livre de la Sagesse seront reprises par le Nouveau Testament (Rm 1,20-23 ; Col 1,12.15.17 ; He 1,2-3) et par les Pères de l'Église à propos du Verbe incarné (7,25-26).

Aboutissement de toute la révélation ancienne, affirmant le bonheur des justes après leur mort et préfigurant ainsi la Bonne Nouvelle du Christ, bien écrit et bien composé, le livre de la Sagesse mérite d'être lu et médité par des lecteurs modernes.

Auteur  :  Fernand LEMOINE  

Dernière mise à jour : 20 nov. 2005

© EBIOR  : bible@ebior.org