Le livre de Daniel

La Bible grecque de la Septante (IIe siècle avant Jésus-Christ) place le livre de DANIEL parmi les prophètes, après EZECHIEL et contient des suppléments deutérocanoniques, sans doute composés en hébreu à l'origine :

La Bible hébraïque le range, sans les suppléments parmi les Ecrits et non parmi les prophètes. Nous possédons également une autre traduction grecque, dite de Théodotion, plus proche de la version hébraïque, qui date du début de notre ère et qui a été utilisée à la fois par le Nouveau Testament et par saint Jérôme dans la Vulgate.

DANIEL est considéré comme un sage juif du temps de l'Exode à Babylone, présenté au roi Nabuchodonosor pendant sa jeunesse et instruit dans la langue et les connaissances des Babyloniens (1,4 et 1,17-18). Promu au plus haut rang de la cour (2,48) il entrera en conflit avec les coutumes et les pratiques païennes pour en sortir victorieux et être reconnu par Darius, le roi des Perses.

Deux parties se distinguent nettement :

Daniel et ses trois compagnons à la cour de Nabuchodonosor en Babylonie (chapitre 1), le songe du roi (chapitre 2), Daniel et ses compagnons jetés dans la fournaise (chapitre 3), l'interprétation par Daniel du songe du grand arbre (chapitre 4), le festin de Balthazar (chapitre 5), Daniel dans la fosse aux lions (chapitre 6)

les quatre bêtes et le Fils d'homme (chapitre 7), le bélier et le bouc (chapitre 8), la prophétie des septante semaines (chapitre 9), la grande vision des derniers temps messianiques (chapitre 10-12).

Toutes ces visions sont datées également du règne de Balthazar, de Darius le Mède et de Cyrus roi de Perse ; elles sont situées en Babylonie.

Le livre de Daniel reste un livre à la fois mystérieux et complexe, sans équivalent dans le reste de l'Ancien Testament. Il contient en effet

De nombreuses théories et interprétations ont été proposées qui ressemblent plus à un champ de bataille exégétique ou théologique qu'à des éclaircissements bibliques utiles, en particulier concernant l'identification des quatre bêtes à des empires humains ainsi que l'interprétation de la période de 70 semaines au chapitre neuf. Retenons simplement que les découpes selon le style (1e et 3e personne), selon la langue et selon le contenu (récit ou vision) ne coïncident pas. De plus les mêmes personnages (Daniel, Balthazar et Darius) ainsi que les mêmes conceptions sur l'histoire apparaissent dans les deux parties. L'unité de composition peut donc être retenue.

De plus, les rois et événements décrits avec grande précision au chapitre 11 sont généralement rapportés aux guerres entre les rois lagides et séleucides , successeurs d'Alexandre le Grand et plus particulièrement à Antiochos IV Epiphane qui profana le temple de Jérusalem en décembre 167 (11,31).

Mais interpréter tout le livre à partir de cette date, comme on le fait généralement, ne tient pas compte de la perspective extra-temporelle et ambiguë de l'auteur qui ne cite aucun nom pour cette période, à la différence de la période babylonienne. En outre, la première partie, en particulier les chapitres 2 et 4, semble d'origine plus ancienne (IIIe siècle ou d'après une tradition orale ?)

Au niveau des idées, le livre de DANIEL décrit, dans un style apocalyptique et énigmatique, l'histoire des empires terrestres qui feront place au triomphe final de Dieu sur les puissances du Mal et du monde. Toute l'histoire humaine devient ainsi prophétique, constituant comme des moments du plan divin. Il s'agit donc d'un message de réconfort mettant l'accent sur les interventions angéliques (4,10-14 ; 5,24), sur la transcendance de Dieu ainsi que sur son règne suprahumain et métahistorique (2,44).

Retenons que, pour la première fois, au chapitre 12,2 la résurrection universelle est clairement énoncée. Retenons également le titre mystérieux de Fils de l'homme du chapitre 7,13-14, chef messianique du royaume eschatologique, que Jésus s'est appliqué à lui-même en Mt 8,20, le rôle dévolu à l'archange Michel (10,13 et 12,1) et l'hymne à l'univers ou cantique des trois enfants (chapitre 3).

Les nombres et les dates citées dans le livre (en particulier 7,25; 8,14; 9,24-27; 12,7; 12,11) ont été souvent utilisées pour des calculs de la venue du Messie ou de l'avènement de la Fin des Temps, ce qui a provoqué de violentes réactions de la part de rabbins opposés à ce genre de spéculation. Toutefois le Talmud (traité Yoma 76b et 77a) affirme que Daniel était l'homme le plus sage de son temps.

L'iconographie chrétienne a souvent représenté le colosse aux pieds d'argile (chapitre 2), les trois jeunes gens dans la fournaise (chapitre 3), Daniel dans la fosse aux lions (chapitre 6), le Fils de l'Homme venant sur les nuées du ciel (chapitre 7) ainsi que l'épisode de Suzanne surprise aux bains par deux vieillards.

Texte L.Segond (1910)

Auteur  :  Fernand LEMOINE  

Dernière mise à jour : 23 oct. 2005

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