Le livre d'ESTHER

Le livre d'ESTHER partage quelques particularités avec celui de JUDITH :

D'où une réelle complexité et une présentation différente selon les Bibles (SEGOND : uniquement le texte hébreu, TOB : deux textes différents ; CRAMPON : le texte hébreu avec insertion de renvois et les additions grecques rejetées à la fin, JERUSALEM : un seul texte combinant les deux versions selon l'ordre suivant :

GREC 11,2 - 12,6 Prologue

1,1 - 3,13 Danger couru par les juifs : (partie 1)

GREC 13,1-7 Edit d'Assuerus

3,14 - 4,8 Danger couru par les juifs : (partie 2)

GREC 15,1-3 Exhortation de Mardochée à Esther

4,9 - 4,17 Danger couru par les juifs : (partie 3)

GREC 13,8 - 14,19 Prière de Mardochée et d'Esther

GREC 15,4 - 15,19 Esther chez le roi

5,1 - 8,12 Délivrance des juifs (partie 1)

GREC 16,1- 16,24 Edit perse en faveur des juifs

8,13 - 10,3 Délivrance des juifs (partie 2)

GREC 10,4 - 10,13 Conclusion : le songe de Mardochée

GREC 11,1 Apostille de la version grecque

Si le cadre général nous est bien connu (la ville de Suse, le roi perse Assuerus connu également sous le nom grec de Xerxes), bien des détails nous paraissent incompréhensibles : par exemple, un décret d'extermination des juifs est peu probable à cette époque, la reine Vasthi et Esther elle-même ne sont pas connues par ailleurs.

Ici aussi, le personnage principal du récit est une femme juive, Esther, choisie comme nouvelle reine à la place de Vasthi ; par son intervention au risque de sa propre vie et avec l'assistance de son père adoptif Mardochée elle sauvera sa nation de l'extermination voulue par le grand vizir Haman. Celui-ci sera pendu et les ennemis des juifs massacrés.

Le livre d'ESTHER décrit ainsi l'hostilité et la persécutions dont les juifs furent parfois victimes dès l'antiquité. Son nationalisme violent et ses descriptions de tuerie (9,1-16) peuvent choquer un lecteur moderne qui voit pourtant bien pire dans le monde contemporain. Il faut donc les replacer dans leur contexte et de plus, il peut s'agir d'exagération littéraire.

Si le texte hébreu ne mentionne pas Dieu qui se contente simplement d'agir en sous-main (4,14) à travers les hommes et les femmes qu'il a choisis, les additions du texte grec, en le citant à plusieurs reprises et en atténuant les passages agressifs, rendent un ton plus religieux, plus universaliste également.

Certaines d'entre elles, d'ailleurs, seront reprises dans la liturgie romaine.

La fête de Purim, citée en 9,17-32, est encore célébrée de nos jours pour commémorer la victoire de Mardochée sur Haman. Dans une atmosphère joyeuse, elle se célèbre le 14 du mois d'Adar. A cette occasion, la lecture du livre d'Esther, qui constitue l'un des cinq rouleaux lus à la synagogue, fait partie de l'office du matin et du soir. Le texte doit obligatoirement être lu à partir d'un rouleau de parchemin dont le contenu manuscrit a été tracé à la plume d'oie avec une encre spéciale.

Cette fête est également appelée fête des sorts, par allusion aux dés lancés par Haman pour fixer la date du massacre des juifs (3,7-14).

Comme aucune source perse ne fait allusion à ces événements et que les premières références juives à la fête de Purim sont de plusieurs siècles postérieures, certains exégètes mettent en doute l'historicité de ce récit. Mais dans ce cas, l'origine de cette fête reste obscure.

Tout comme l'art populaire juif, l'iconographie chrétienne a représenté Mardochée et sa nièce Esther, épouse d'Assuerus, sauvant le peuple juif de l'extermination.

Texte L.Segond (1910)

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Auteur  :  Fernand LEMOINE  

Dernière mise à jour : 25 mai 2006

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