Le livre de JUDITH

Le livre de JUDITH partage quelques particularités avec ceux de TOBIE et d'ESTHER :

Il s'agit d'un livre deutérocanonique dont l'original hébreu est perdu ; pour cette raison, il est exclu des bibles juives et protestantes mais reconnu par l'Eglise catholique

Le texte grec existe sous plusieurs variantes et la Vulgate de saint Jérôme présente un texte plus court que le grec, avec une numérotation différente

De nombreuses difficultés d'ordre chronologique et topologique rendent difficiles sa compréhension : Nabuchodonosor est présenté comme un roi des Assyriens qui règne à Ninive (1,1) alors que son père, le Babylonien Nabopolassar avait détruit cette ville en 612 avant Jésus-Christ ; la ville de Béthulie, malgré sa description, ne peut pas être située avec précision.

Il est difficile de savoir s'il s'agit d'erreurs ou d'une volonté délibérée de l'auteur. Sans doute celui-ci a-t-il rassemblé des développements et des amplifications autour d'un fait réel.

Car on imagine mal l'invention de toute pièce, dans le monde juif ancien, d'une histoire où une femme tient la première place, situation pratiquement unique dans l'Ancien Testament.

Ce livre relate donc l'histoire héroïque d'une femme juive, Judith (son nom signifie d'ailleurs, "la juive"), qui, par son courage, sa sagesse et sa piété, a sauvé son peuple en tuant le général ennemi Holopherne qui assiégeait Béthulie pour supprimer le culte juif.

Par ruse mais en se conduisant avec dignité, elle a triomphé de l'orgueil des uns qui voulaient imposer leur loi et de la faiblesse des autres qui voulaient se rendre. Elle reproche d'ailleurs aux chefs de la ville leur manque de confiance en Dieu.

La détresse des assiégés rappelle que les plans de Dieu sont insondables et que, dans sa grande miséricorde, il peut admettre la souffrance des siens avant de les délivrer.

Destiné à encourager les juifs dans les périodes difficiles en exaltant la puissance de la prière et la résistance à un envahisseur étranger, le livre de JUDITH reste universaliste puisqu'un Ammonite, Achior, se convertit au vrai Dieu (14,5-10).

Ce livre est daté habituellement du second siècle avant Jésus-Christ. Cependant, parler de midrash ou d'amplification littéraire comme le fait la notice de la Bible de Jérusalem est fort critiquable. Car à cette époque ancienne, aucun midrash n'est connu - les plus anciens remontent au Vème siècle de notre ère ! - et techniquement, un midrash se présente comme un commentaire de l'Écriture, dont certains versets d'ailleurs sont cités et non comme un genre littéraire à extension variable selon l'auteur qui le définit. Ce n'est évidemment pas le cas pour le livre de Judith qui ne se présente pas comme un commentaire d'un texte préexistant.

Il faut souligner que les éloges décernés à Judith seront appliqués à la Vierge Marie par les Pères de l'Église.

Retenons également l'action de grâce en 16,1-17.

L'iconographie chrétienne a souvent représenté Judith qui sauve son peuple en séduisant et en tranchant la tête du général assyrien, Holopherne

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Auteur  :  Fernand LEMOINE  

Dernière mise à jour : 25 mai 2006

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