Le livre de TOBIE partage quelques particularités avec ceux d'ESTHER et de JUDITH:
Il s'agit d'un livre deutérocanonique dont l'original hébreu ou araméen est perdu en grande partie ; pour cette raison il est exclu des bibles juives et protestantes mais reconnu par l'Eglise catholique.
Le texte existe en plusieurs variantes :
Une forme longue en grec représentée par le célèbre codex Sinaïticus (IVème siècle) mais aussi par quelques fragments en hébreu et en araméen découverts récemment à Qumrân.
Une forme brève en grec représentée par la plupart des autres manuscrits.
La Vulgate latine est une traduction d'une troisième forme, perdue par ailleurs.
Ici aussi, des renseignements précis sur l'Assyrie et l'Israël du 8ème-7ème siècle se mélangent avec des informations plus "fantaisistes" : par exemple, il n'y aurait que deux jours de marche (5,6) entre les deux villes de Rhages et d'Ecbatane alors qu'elles sont séparées par près de trois cent kilomètres.
Le livre de TOBIE raconte une histoire familiale. À Ninive en Assyrie, Tobit, un déporté pieux est devenu aveugle ; à Ecbatane en Perse, un des ses parents a une fille Sara qui a vu mourir tous ses fiancés. Dieu va envoyer l'ange Raphaël pour guider Tobie, fils de Tobit (ne pas confondre le père et le fils ! ). Sa mission : lui faire épouser Sara et lui donner un remède pour son père aveugle.
C'est un récit édifiant, imprégné de l'atmosphère patriarcale de la GENESE, un éloge de la vie familiale, de la piété filiale, de l'amour maternel et paternel, de l'intimité entre époux, du temps de la vieillesse. Les bonnes œuvres (assistance, aumône) envers tous les membres de la communauté juive sont particulièrement recommandées.
Le texte fait allusion en 1,22 ; 2,10 ; 11,19 à un certain Achichar ou Ahikar, probablement un ministre des rois d'Assyrie, héros d'une œuvre très connue dans l'orient ancien, la Sagesse d'Ahikar. Dans le livre de Tobie, il apparaît comme son propre neveu. Les deux œuvres présentent des points communs : Tobit comme Ahikar sont tombés dans la disgrâce du roi et adressent à leurs fils respectifs, Tobie et Nadan, des conseils moraux. Mais seul Tobie, dans le texte biblique, en fera son profit. L'intention didactique est ici évidente.
L'auteur veut également donner un sens religieux à son œuvre : ce mariage entre Tobie et Sara représente la manifestation de la providence divine dont l'ange Raphaël est l'exécuteur. Ce livre est donc l'histoire d'un mariage selon la volonté de Dieu.
Remarquons à ce propos que nulle part ailleurs dans l'Ancien Testament, un ange ne joue un rôle aussi important (12,11-15)
Retenons également les remarquables conseils simples et pratiques donnés par Tobit à son fils Tobie en 4,3-21 et 14,8-11 !
L'iconographie chrétienne a parfois représenté Tobie, son chien, son ange gardien, ses noces et comment il a guéri son père de sa cécité.
Auteur : Fernand LEMOINE
Dernière mise à jour : 25 mai 2006
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