Les livres des CHRONIQUES ne formaient eux aussi à l'origine qu'un seul ouvrage.
Un certain nombre d'exégètes du XIX ème siècle ont estimé qu'ils furent écrits par le même auteur que les livres d'ESDRAS et de NEHEMIE, appelé le Chroniste et qui aurait vécu sans doute au 4ème siècle avant Jésus-Christ.
Mais certains auteurs contemporains soulignent la différence de perspective entre les livres des Chroniques, favorables à David, ne manifestant aucune influence hellénistique et ceux d'Esdras-Néhémie, estimant que l'auteur des Chroniques est le plus tardif, datant de la fin de l'époque perse. Ils distinguent ainsi deux auteurs.
En ce qui concerne les versions anciennes, la Bible grecque (Septante) et la Bible latine (Vulgate) les intitulent Paralipomènes, "les choses oubliées" parce qu'ils contiennent des éléments qui n'ont pas été inclus dans les livres des Rois. Elles les rangent parmi les livres historiques alors que la Bible hébraïque les range à la dernière place des Écrits ou Hagiographes, constituant ainsi les derniers livres de la Bible (mais sans notion chronologique).
Selon la tradition rabbinique (traité Babba batra 14b du Talmud), Esdras écrivit son propre livre et l'essentiel des Chroniques vers 450 avant Jésus-Christ, l'ouvrage ayant été complété par Néhémie une dizaine d'années plus tard.
Il s'agit bien d'une sorte de supplément aux livres des ROIS et de SAMUEL relatant comme eux l'histoire des différents règnes jusqu'à la captivité à Babylone.
Mais des différences apparaissent : la présence de longues listes généalogiques remontant jusqu'à Adam, l'absence des premières années et de la vie privée du roi David, l'intérêt porté au seul royaume de Juda, considéré comme unique royaume légitime.
L'auteur (Chroniste ou autre) aime utiliser des sources canoniques comme GENESE, NOMBRES, SAMUEL, ROIS sans les citer et en les combinant librement ; de plus il cite également des ouvrages inconnus comme des livres sur les rois d'Israël ou des paroles de prophète (2Ch 9,29 ; 12,15 ; 13,22 ; 16,11 ; 20,34 ; 27,27 ; 25,26 ; 27,7 ; 28,26 ; 32,32 ; 33,18 ; 35,26).
Surtout il met bien en évidence la composante spirituelle de l'histoire en proposant comme idéal un royaume théocratique (sans aucun sens péjoratif) où Dieu est le seul vrai roi et David ou Salomon ses subordonnés. Les rois sont jugés en fonction de leur fidélité au modèle donné par David : positivement pour Salomon qui a construit le Temple selon les indications de son père, pour Ézéchias et Josias qui ont procédé à d'importantes réformes religieuses, négativement pour la plupart des autres rois.
L'auteur centre ainsi son intérêt sur le sanctuaire de Jérusalem, sur les cérémonies du culte, sur le clergé - non pas seulement les prêtres mais aussi les lévites et le personnel subalterne -, sur tout le peuple fidèle à la Loi et à Dieu, sur la dynastie davidique au détriment du royaume du Nord.
A l'heure actuelle, les livres des Chroniques sont injustement délaissés car son enseignement sur la primauté du spirituel - toute fidélité reçoit sa bénédiction et toute désobéissance sa punition - ainsi que sur le rôle de Dieu dans l'histoire reste toujours d'actualité.
Retenons quelques passages : David demandant l'eau de la citerne de la porte de Bethléem (1Ch 11,17-19), le cantique de David (1Ch 16,7-36), l'ultime bénédiction et prière de David (1Ch 29,10-19), la prière de Salomon pour obtenir de Dieu la sagesse (2Ch 1,7-12), le transfert de l'arche et la gloire de Dieu remplissant le Temple (2Ch 5,2-14), la visite de la reine de Saba (9,1-9), les réformes du prêtre Yehoyada (2Ch 23,16-19) ainsi que tout le règne de Josias (2Ch, chapitres 34 et 35).
Texte L.Segond (1910): premier livre
Texte L.Segond (1910) : second livre
Auteur : Fernand LEMOINE
Dernière mise à jour : 23 avr. 2006
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