Les livres des Rois

Tout comme pour le livre de SAMUEL, un seul livre des ROIS existait dans le texte original hébreu pour être divisé en deux par la suite dans la version grecque.

Les livres des ROIS qui couvrent une longue période d'environ quatre siècles se présentent comme la continuation des livres de SAMUEL et contiennent

L'histoire du règne de Salomon
Les premières années : l'âge d'or avec la construction du Temple de Jérusalem et la visite de la reine de Saba (1R 10,1-13)
Les dernières années marquées par le déclin

Après le schisme de 931, l'histoire parallèle des royaumes de Juda et d'Israël est marquée par de nombreux événements :
la destruction du royaume du Nord (Israël) par les Assyriens en 721 avant Jésus-Christ,
l'importante réforme religieuse du roi Josias qui centralise tous les sacrifices au Temple,
l'invasion de Juda par le roi d'Assyrie Sennacherib en 721,
la captivité du peuple de Juda à Babylone par le roi Nabuchodonosor (une première fois en 597, une seconde fois en 587 avant Jésus-Christ)
enfin la destruction de Jérusalem, par le même roi en 587 (2R 25).

Dans un cadre littéraire uniforme et assez rigide, chaque règne est traité par lui-même avec des formules relativement identiques au début et à la fin, la perspective religieuse restant constante alors que les événements historiques sont traités rapidement et même superficiellement. De nombreuses sources furent utilisées dont certaines sont mêmes citées : "les actes de Salomon " (1R 11,41), "les annales des rois de Judas " (1R 14,29) et les "annales des rois d'Israël" (1R 14,19) ; d'autres sont anonymes comme les archives du Temple.

Le règne de chaque roi est ainsi analysé et jugé en fonction de sa fidélité à la loi de Dieu, David restant le modèle idéal. Bien peu de rois, tels Ézéchias ou Josias sont appréciés de manière positive, ce qui confère une tonalité assez sombre à ces deux livres. L'expression "Il fit ce qui était mal aux yeux du Seigneur" sanctionne bien des règnes. ainsi pour Joas en 2R 13,11.

Mais quelques notes d'optimisme émergent cependant avec les personnalités du roi David, fidèle au Seigneur, de Salomon (1R 3,3 "marchant selon les prescriptions de David son père"), de Josias (2R 22,2 "marchant entièrement sur le chemin de David son père") ainsi que de Joiakin, descendant davidique et apprécié du roi de Babylone.

La désobéissance des successeurs de David, en particulier par la pratique de sacrifices ailleurs qu'à Jérusalem, ville choisie par Dieu (1R 8,12) est considérée comme la cause aussi bien du schisme que de la chute des deux royaumes. Car le Temple c'est le lieu de rencontre entre Dieu et son peuple, c'est le lieu de la découverte du rouleau de la Loi sous Josias (2R 22,3-13), c'est le centre de la vie religieuse juive. D'où l'importance donnée aux serviteurs du Temple, les prêtres, qui ont seuls le droit d'offrir des sacrifices et la condamnation radicale de la volonté du roi Jéroboam de célébrer le culte dans d'autres sanctuaires.

Outre les rois et de manière secondaire les prophètes Nathan, Michée et Isaïe, les deux personnalités marquantes dans les livres des Rois sont les prophètes Élie et Élisée qui parlent au nom de Dieu et interviennent par leurs paroles et par leurs actes. Leur rôle est de faire respecter la Loi au niveau religieux, politique et moral. Ces prophètes annoncent aussi bien la victoire des rois d'Israël (2R 7,1 : Elisée ; 2R 19,7 : Isaïe) que celle de leurs ennemis (2R 20,17-18 Isaïe) ou interviennent pour empêcher une guerre civile (1R 12,22-24 : Shemaya).

Cette présence importante du prophétisme justifie le classement du livre des Rois dans le recueil des Premiers Prophètes de la bible hébraïque.

Parmi de nombreux épisodes, retenons les quelques passages suivants restés célèbres :

le bon choix de Salomon (1R 3,5-14), son fameux jugement (1R 3,16-28), sa prière de la dédicace du Temple (1R 8,22-53), le ministère d'Élie (1R 17-19 et 21), l'appel d'Élisée (1R 19,19-21), Élie fait descendre le feu du ciel pour détruire ses ennemis (2 R, 1,9-14), l'enlèvement d'Élie au ciel (2R 2,11-12).

Parmi de nombreux miracles accomplis, Élisée accroît l'huile d'une veuve (2R 4,1-7), ressuscite un enfant (2R 4,18-37), guérit Naaman, le lépreux (2R 5,1-15) et manifeste la puissance de Dieu après sa mort (2R 13,20).

L'iconographie chrétienne a souvent représenté le cycle de Salomon (la nuée qui envahit le Temple en 1R 4-10, la visite de la reine de Saba en 1R 10,1-13), le cycle d'Élie (nourri par des corbeaux en 1R 17,4-6, le signe de la brise légère à l'Horeb en 1R 19,8-18 l'enlèvement d'Élie dont Élisée reçoit le manteau en 2R 2,11-14 ), la mort de Jésabel en 2R 9 ainsi que l'histoire et le meurtre d'Athalie, reine de Juda en 2R 11.