Quatrième livre du Pentateuque, le livre des NOMBRES tire son nom, donné par la version grecque des Septante, du dénombrement d'Israël. Le titre hébreu consiste simplement dans ces premiers mots : "Dans le désert". Ceux-ci représentent un résumé fort court mais évocateur d'une œuvre très complexe, mélangeant des récits avec des passages législatifs. Remarquons également que dans le texte hébreu massorétique, les versets 35 et 36 du chapitre 10 sont précédés et suivis par un signe spécial : ils constitueraient une unité à part qui ne serait pas à sa place dans la disposition du texte que nous possédons.
Le cycle annuel et actuel de la lecture de la Torah, d'origine babylonienne, le divise en dix sections (sedarot) alors que dans le cycle triennal palestinien de l'époque du Christ, il était divisé en 32 sections. Traditionnellement le livre des Nombres couvre une période d'environ trente-huit ans et demi, depuis la deuxième année de l'Exode jusqu'à la mort d'Aaron et est considéré comme transmis par Dieu à Moïse.
Par opposition, la théorie documentaire du 19ème siècle le considère comme provenant de la combinaison de trois sources étroitement mêlées : J (jahviste) et E (élohiste) qui se contentent de décrire les institutions dans le récit de la marche au désert ainsi que P (sacerdotal) qui essaie en plus de les justifier. Ce serait une œuvre datant de l'époque post-exilique, centrée sur la tribu de Levi (prêtres et lévites exerçant des fonctions subalternes) et contenant cependant des coutumes fort ancienne comme celle des cendres de la vache rousse (chapitre 19) nécessaires à l'eau lustrale (19,17). Toutefois cette théorie est elle-même remise en question à l'heure actuelle.
Plusieurs thèmes sont traités :
Le recensement (chapitre 1-4), les sacrifices pour la dédicace du Tabernacle(chapitre 7), la consécration des lévites (chapitre 8)
Le départ du mont Sinaï (chapitre 10,11-12) pour traverser le désert et y errer pendant quarante ans en passant par deux fois à Cades (chapitres 11-14 ; 16-17 ; 20) et l'arrivée près du pays de Moab (chapitres 21-25)
Un nouveau recensement (chapitre 26), la victoire sur Madian (chapitre 31), le partage par Moïse des terres conquises (chapitre 32) avec les épisodes des quatre oracles du prophète Balaam (chapitres 23-24) et de l'apostasie vis à vis du Baal de Peor (25,3-5)
Ajoutons de nombreuses lois relatives à l'héritage, aux offrandes, aux fêtes qui complètent la législation du Sinaï et viennent s'intercaler dans le récit, parfois sans relation avec le contexte (chapitres 5 ; 6 ; 9 ; 15 ; 18 ; 19 ; 27-30 ; 34-36)
Les NOMBRES décrivent donc une période peu connue dans le détail mais suffisamment connue dans les grandes lignes. Différentes tribus d'Israël, peuple nomade, soustrait à toute domination étrangère, se sont mises en route, ont éprouvé l'expérience religieuse du séjour au désert et se sont rassemblées dans la basse vallée du Jourdain. Certains passages, en particulier aux chapitres 11-14 et 20-25 reprennent sous une forme différente les événements décrits dans l'Exode.
Mais ce qui importe le plus, ce sont les réactions d'un peuple en proie à de nombreuses crises profondes (chapitre 11 ; 12 ; 13-14 ; 16-17 ; 20,2-13: les eaux jaillies du rocher ; 21,4-9: le serpent de bronze ; 25), d'un peuple qui murmure et même désobéit parfois, non seulement à ses chefs, mais aussi à Dieu. Celui-ci qui avait montré sa bonté et avait fait don de sa Loi attend la foi et l'obéissance ; il fait maintenant montre de sévérité en punissant même Moïse (chapitre 20) et Aaron. Toute une génération sera condamnée et c'est la suivante qui connaîtra le pays que Dieu lui destinait. (20,12 ; 27,12-14)
A plusieurs reprises, cette période sera évoquée comme modèle et interprétée, ainsi par le DEUTERONOME (8,2-6) et par les prophètes : OSEE (2,16-25), JEREMIE (2,2-3) et EZECHIEL (chapitre 20).
L'image du peuple pécheur mais toujours soutenu par Dieu, toujours en marche, traversant de nombreuses crises et révoltes, reste d'actualité pour l'Eglise contemporaine comme il l'était déjà pour saint Paul en 1Co 10,4-11.
Retenons quelques épisodes comme l'envoi des cailles (11,31-34), le serpent de bronze (21,6-9 à comparer avec Jn 3,14), le rocher frappé par Moïse (20,7-11 à comparer avec 1Co 10,4) ainsi que les sept plaintes contre le chemin (11,1-3), contre la nourriture (11,4-6), contre les géants présumés du pays de Canaan (13,33-14,2), contre Moïse et Aaron (16,3), contre les jugements divins (11,34 ; 14,2-3 ; 14,27 et 35), contre le désert (20,2-5) et contre la nourriture pour la seconde fois (21,5).
L'iconographie chrétienne a parfois représenté la grappe de raisins cueillie par des éclaireurs en terre de Canaan (13,23-24) ainsi que l'ânesse de Balaam effrayée par l'ange du Seigneur (22,22-35).
WEBO_ZONE=21; WEBO_PAGE=4; webogold_ok=0; if(webogold_ok==1){webogold_zpi(WEBO_ZONE,WEBO_PAGE,30142);}Auteur : Fernand LEMOINE
Dernière mise à jour : 03 sept. 2006
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